Les
Obrecht / Les Hild / Les
Schmitt / Les Obrecht-Schmitt
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Comparativement, on sait peu de choses sur
l’épouse de Jean Obrecht, Salomé Jeanne Hild. Née
le 27 mai 1858
à Andolsheim,
elle a
hérité de sa mère ce prénom
de
Salomé, fréquent à
l’époque dans cet
entourage. Par son père tonnelier-aubergiste et sa mère
couturière, fille de cordonnier, elle venait du même milieu que son
mari enfant de maçon. Les
portraits photographiques qu’on a d’elle, en buste
ou en
pied, confirment les dires de sa petite-fille:
c’était une belle
femme dont les traits doux et réguliers
contrastent avec
la rigueur sévère affichée par son
époux.
Les robes de l’époque, longues et
serrées à
la taille, mettent son port en valeur. Née en Alsace
française, devenue allemande par l’annexion de
1871, elle
est, comme son mari,
«réintégrée de plein
droit dans la qualité de Française»,
ainsi que
l’atteste un extrait de registre de 1921.
Elle fait
sa confirmation à Andolsheim un an avant son futur mari, le
dimanche des Rameaux 1873,
avec le même pasteur Krencker qui
lui
remet un livre saint dont la page de garde a été
conservée par sa fille dans le Nouveau Testament qui lui a
été offert pour sa propre confirmation. Elle
restera très
pieuse; la dernière année de
guerre elle
fréquentera régulièrement la
Bibelforscher-Gesellschaft - l’appellation contemporaine des
Témoins de Jéhovah - le dimanche
après-midi,
pendant que le reste de la famille va se promener au Jardin zoologique
ou au
Rebberg.
Lorsqu’elle épouse Jean Obrecht en
1883, elle a
deux ans
de plus que lui. Tous deux sont des
enfants d’Andolsheim qui
se
sont toujours connus, et on peut imaginer que Salomé avait,
dès l’enfance, admiré la prestance et
l’intelligence de ce garçon. Leur enfant unique, Salomea
Johanna, hérite des prénoms -
germanisés - de sa
mère. Pour la distinguer de celle-ci, le prénom
usuel
sera le second: Johanna, qui deviendra Jeanne.
D’après le
journal de son mari, qui l’appelle
«Mama»,
Salomé paraît avoir eu un caractère
assez
effacé. Elle n’est en effet guère
mentionnée
que lorsqu’elle est malade et que son mari est
obligé de
se charger des courses, en plus de l’achat du lait qui est de
sa responsabilité. On ne
sait si
elle était de santé délicate ou de
tempérament casanier, mais elle ne participe pratiquement
jamais
aux longues promenades dans lesquelles son mari entraîne sa
fille
et sa petite-fille.
Sur une
photographie du couple relativement
âgé, on remarque qu’elle a
vieilli plus vite que son mari. Elle meurt le 10 juillet 1927
à
Mulhouse, à l’âge de 69 ans -
«unerwartet
schnell» [de façon soudaine et
inattendue], selon sa
fille qui ajoute dans la Chronik:
"Sie war mir eine treusorgende und aufopfernde Mutter" [Elle a
été pour moi une mère constamment
attentive et
dévouée]. Elle a été
inhumée
à Andolsheim auprès de ses parents et de sa
grand-mère maternelle, A.
Barbara Stegmann, née
Bauer.
Son mari viendra la rejoindre bien plus tard. Il est remarquable
qu'à chaque génération se reproduit le
même
phénomène: ce sont les épouses qui
déterminent ce lieu d'inhumation.