Les
Obrecht / Les Hild / Les
Schmitt / Les Obrecht-Schmitt
1
> 2
>
3
> 4
> 5
> 6
> 7
Hansi naît et le lilas fleurit
Jeanne Schmitt, fille unique d'Alfred et Johanna Schmitt, naît
le mardi 16 avril 1912 à 13h, au n° 29 de la rue Saint-Léon
dans un quartier résidentiel et calme de Colmar. La maison est récente,
discrètement marquée par le style alors à la mode de l'Art
Nouveau. Inscrite à
l'état civil allemand sous le prénom de
Johanna,
comme sa mère, on ne
l'appelait pas autrement que Hansi à la maison. Ce diminutif
s'est écrit parfois par la suite Hansie pour faire la
distinction avec Hansi, son mari. Avec le retour de l'Alsace
à
la France, elle a été
réintrégrée de
plein droit dans la nationalité française avec le
prénom de Jeanne.
Cette naissance à l'éveil du printemps
a fait
qu'année après année on s'est
demandé si
les lilas seraient en fleur pour son anniversaire, comme cela fut le
cas
une fois par exception. En ce 16 avril de la naissance de Jeanne les
quotidiens annoncent pour le lendemain un phénomène rare:
une éclipse de soleil qui sera totale dans la région
parisienne. Le phénomène astronomique sera toutefois
lui-même éclipsé dans la presse par l'annonce du naufrage du
Titanic.
Elle est
baptisée le 7 septembre 1912 à Horbourg
par le
pasteur Vix qui
avait uni ses parents; encore une fois on a donc profité de
l'hospitalité de la "Wirtschaft Schmitt". L’ont tenue sur
les fonts baptismaux:
son
oncle Paul Schmitt (le parrain), sa tante Sophie Schmitt-Leonard (la
marraine), André
Hild, son grand-oncle maternel, qui avait déjà
été témoin au mariage de ses parents
et Berthe Zitzer, d’Andolsheim, une petite cousine
de sa mère par les Marschalk. Sa
confirmation a lieu le 21 mars 1926 à
l’église
Saint-Paul de Mulhouse sous la direction du pasteur Emile Koehnlein,
qui baptisera
encore
son fils Jean-Daniel le 2 janvier 1938. Le pasteur inscrit de sa main
le verset de confirmation (Philippiens 4,13) dans le livret Neues
Testament und Psalmen remis
à cette occasion: «Ich vermag alles durch den, der
mich
mächtig macht, Christus» [Je puis tout par Christ,
qui me
fortifie]. La fête est discrète et consiste
surtout en une
promenade à la ruine du Freundstein
- avec
peut-être une
collation à la ferme-auberge - et au rocher
d’Ostein.
Elle ne rassemble que quelques intimes: le couple Leonard, la
grand-tante Marie-Madeleine Obrecht, le cousin Hild et M. et Mme
Fricker.
Dans sa foi, qu'elle gardera intacte sous une forme
intériorisée, Jeanne cherchera principalement un
soutien
et une consolation dans les vicissitudes de la vie.
On est
renseigné sur la première partie de la vie de Hansi par
quatre
types de documents: les cahiers de son grand-père tenus
pendant
la Grande Guerre, l'album de photographies inauguré
à
l'entrée à l'Ecole Normale, la correspondance
administrative dans le cadre de
l’Instruction Publique et, pour les années 1935 et
1939, son agenda personnel.
Les Kriegserlebnisse
sont une précieuse source d’informations sur les
toutes premières années de sa vie. Jean Obrecht
s’y
révèle un grand-père
attentionné et attentif,
capable d’être aussi aimant que critique. On y
apprend que
quand la petite Hansi, venant de Colmar, arrive à Mulhouse à
l'âge de deux ans, elle est autant
francophone que germanophone. Ses parents on dû souvent
parler
français entre eux, ce bilinguisme
n’étant pas rare
en Alsace. En mars 1915 encore, elle dit au moment de prendre le train
pour Strasbourg: «Je veux aller à Strasbourg chez
Lotti
Popenhäuser»; puis elle se reprend, se souvenant
certainement de recommandations qui lui ont été
faites:
«Man muss in dem Eisenbahnzug deutsch sprechen» [Il
faut
parler allemand dans le train]. Le français est ensuite
occulté, particulièrement quand Hansi va au
jardin
d’enfants à partir de septembre 1915: à Noël de
cette
année elle revient de l’école en
chantant
«Deutschland über alles»! La classe se
fera en
français à partir de 1918, mais elle gardera
toujours une
excellente connaissance de l’allemand.