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à 7 ans 


 


Xénia et Robert en 1928

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Jean et les autres
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Et Xénia, la cinquième, va derrière

Xénia Anne Louise Krebs naît le 21 août 1915 à Mulhouse. N’appréciant guère son prénom  exotique (puisé par sa mère dans un roman), elle se fera parfois appeler Anne ou Annette. Elle prétendait que son seul homonyme était une chienne qu’elle avait un jour entendu appeler ainsi par sa maîtresse dans la rue. La prononciation offre d’ailleurs des difficultés au Français moyen qui transforme le nom en «Zénia» ou même parfois - comme sur une carte de transport pour personnes à mobilité réduite - le confond avec «Sonia».

    Elle est l’écrivain de la famille, une vocation née certainement au cours de ses années d’immobilisation en sanatorium. Comme le domicile de ses parents est resté son point fixe, elle y a accumulé un volumineux paquet de courrier, principalement des cartes postales, qu’elle a envoyées à sa famille ou qu’elle a reçues de ses compagnes de sana, puis de ses collègues infirmières et des patients qu’elle a soignés. On garde d’elle l’ébauche d’une épopée dramatique, en partie versifiée (La Xéniade), consacrée à la ville de Mulhouse, ainsi que quelques interminables poèmes allégoriques, le tout conservé dans un fort cahier à couverture verte. Douée d’un talent certain pour la formule bien tournée, elle gagnera en 1973 un concours de la ville avec ce slogan: «Chien bien tenu = chien bienvenu».

    L’histoire de sa vie est inséparable de la maladie (tuberculose osseuse ou coxalgie) qui l’a laissée définitivement handicapée.

    Lettres et cartes permettent de reconstituer plus ou moins l’histoire d’une longue lutte qui a aboutit à la stabilisation de son état. Moralement et financièrement, les soins qui lui ont été prodigués pendant des années ont pesé lourdement sur l’existence de ses parents, d'autant que la maladie s'est déclarée à peine son père revenu d'Algérie après sa libération. Xénia en est plus particulièrement consciente quand elle vit loin d’eux pendant la guerre; dans une lettre qu’elle leur écrit, en 1944, de Toulouse elle reconnaît combien leur vie aurait été différente «si les Assurances Sociales s’étaient chargées de mes frais de maladie». On a gardé quelques cartes postales envoyées par Anna lors des visites à sa fille, et en 2004, lors de la vente de la maison familiale, toutes les factures des séjours en maison de cure se trouvaient encore soigneusement conservées.

    La première allusion à la maladie est cette lettre de la directrice du Lycée de jeunes filles (le futur Lycée Montaigne), en date du 4 octobre 1922, disant qu’elle a appris «avec un très vif regret» que la petite Xénia, malade, ne pourra pas revenir à la rentrée. Commence alors, à l’âge de 7 ans, le chemin de croix des sanatoriums. La première station a été Berck d’où elle donne de ses nouvelles à son frère Jean d‘une écriture encore enfantine: «je fais des cures de soleil». L’exposition au grand air et au soleil, à la mer ou à la montagne, était en effet à l’époque la seule thérapie connue. La famille a conservé, en souvenir de ce premier séjour, une pochette de vues en petit format de Berck-Plage au début du XXe siècle.

    Peut-être a-t-on pensé un moment qu’elle était guérie, avant qu’une aggravation ne nécessite un traitement plus intensif. La nationalité de son père et la recherche de soins de qualité, quel qu’en soit le prix, font alors choisir les montagnes suisses: ce sera donc Leysin pour un long séjour dans cette station de cure de réputation internationale. Diverses cartes postales montrent le vieux village, groupé autour de son église et dominé par les sanatoriums et les chalets de cure, des enfants plus ou moins dénudés allongés dans une longue galerie ouverte ou encore des «convalescents du Dr Rollier» sur une prairie alpestre. C’est ce «Docteur Soleil», Auguste Rollier (1874-1954), qui avait eu l’idé de pratiquer l’héliothérapie dans ce village des Alpes vaudoises réputé pour la salubrité de son climat. Il ouvre une première clinique au Chalet en 1903. La station comptera jusqu’à 80 établissements de soins. Xénia y fera de longs séjours, principalement dans l’établissement La Rose des Alpes. De la liasse des factures mensuelles retrouvées on n’a gardé pour les archives que quelques exemplaires, dont les deux premières, qui concernent les mois de novembre et décembre 1922. Celle de novembre mentionne: «Xénia a été radiographiée et le Dr Rollier vous écrira»; c’est donc le grand patron lui-même qui a accueilli la petite malade. En août 1931 encore, une facture portant comme en-tête: Les Frênes - Clinique du Dr Rollier, attestera un examen radiologique.

    Cet établissement des Frênes, fondé en 1909, avait été la première grande clinique ouverte par le Dr. Rollier qui finira par en posséder 18. Son aménagement en faisait un hôtel confortable doté d'un hall central où l'on proposait films, concerts et autres divertissements aux patients. Le toit était occupé par un vaste solarium accessible par un ascenseur. La partie proprement médicale était séparée de l'hébergement et il est vraisemblable que Xénia n'a fréquenté Les Frênes que pour des examens et n'a pas été logée sur place dans cet environnement luxueux et hors de prix. En 1931 l'établissement était dirigé par Frédéric Tissot qui sera l'artisan de la reconversion de Leysin en station touristique.

   une galerie de cure

    On ne sait pas avec certitude combien de temps a duré ce premier séjour commencé fin 1922; la correspondance de cette toute petite fille devait se réduire à peu de chose et n’a pas été conservée. Il existe cependant deux cartes expédiées à une date non précisée du Territet, au bord du Léman, par Xénia et sa mère. C'est à la gare du Territet, et non à Montreux, que s'arrêtaient à l'époque les trains internationaux dont l'Orient-Express; il fallait ensuite gagner Aigle et prendre le chemin de fer à crémaillère qui, depuis 1900, menait à Leysin. Ces cartes ont dû être écrites soit lors de visites, soit déjà sur le chemin du retour qui a lieu au cours du premier semestre 1924. En effet, il existe une carte de Berck de juillet de cette année rédigée par la même main enfantine. Cela ferait donc, pour ce premier séjour à Leysin, une cure d’environ un an et demi.

    Sans doute a-t-on considéré, après Leysin, que Xénia était guérie et c’est pour parfaire les bienfaits de la cure alpestre qu’on l’a envoyée une deuxième fois, en été 1924, au bord de la mer dans l’autre grand centre de soins de la tuberculose: à Berck. Il s’agit d’un séjour de courte durée de 27 jours, attesté par une facture de la Villa Marie-Eugénie du 30 Juillet 1924; la facture de la taxe de séjour porte également cette date. Xénia reprend alors contact avec la vie «normale». Elle retourne à l’école, et l’année 1926-27 la trouve réinscrite au lycée en classe de 6e 1. Ses parents acquittent ainsi pour le 3e terme de 1927 la somme de 144,50 F.

    Y a-t-il alors des symptômes de rechute ou est-ce une simple précaution? Toujours est-il qu’en juillet 1927 Xénia est en clinique à Bâle. D’après la carte qu’elle envoie à ses parents, elle y est plutôt en observation ambulatoire puisqu’elle annonce: «J’ai déjà visité une partie de la ville. Je passe presque toute la journée au jardin». L’élégance de l’écriture témoigne des effets du retour à l’école. L’été suivant, en juillet 1928, on envoie à nouveau Xénia en clinique pour observation, cette fois à La Nichée à Leysin, qui établit une facture pour 16 jours de pension. Sur les photographies qui la montrent en cette année 1928 en compagnie de son frère Robert et avec, alternativement, le chien «Rattala/Ratti» ou le cheval «Schimmeli», elle semble épanouie et en bonne santé.












         à 2 ans

















          vers 12 ans

















           Rattala